« J’en ai marre d’être femme forte ! ». Ce titre volontairement provocateur d’un article publié sur un site féministe fait écho à un ras-le-bol grandissant chez de nombreuses femmes. Derrière cette affirmation se cache en réalité toute une remise en question du modèle traditionnel de la « femme forte », souvent perçue comme devant tout assumer sans jamais faiblir. Un modèle de plus en plus remis en cause par les jeunes générations, en quête d’un équilibre différent.
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La charge mentale, cet impossible fardeau des femmes fortes
Être une femme forte aujourd’hui, c’est bien souvent cumuler une multitude de casquettes : mère, épouse, travailleuse, pilier familial… Tout en gardant la face en toutes circonstances avec le sourire. Une charge mentale de plus en plus lourde à porter pour de nombreuses femmes, confrontées aussi aux injonctions paradoxales de la société. D’un côté on leur demande d’être indépendantes, épanouies professionnellement ; de l’autre on attend d’elles qu’elles assurent au foyer et soient des mères parfaites.
« Je suis fatiguée de toujours devoir être forte ! J’en ai marre de devoir porter mon masque de femme forte, de Super Woman pour tout le monde. »
Cet équilibre impossible à tenir génère frustration et épuisement. D’où ce ras-le-bol exprimé haut et fort par la nouvelle génération, en quête de plus d’authenticité. Finie l’époque où la femme forte devait tout gérer avec le sourire, sans jamais montrer de faiblesse !
Une charge mentale qui pèse sur les épaules des femmes
La fameuse « charge mentale », cet inventaire mental de tout ce qu’il y a à faire et à gérer pour le foyer, pèse lourd sur les épaules des femmes. Et génère une fatigue diffuse, aussi bien physique que psychique chez celles qui veulent assumer tous les rôles. Car derrière la façade de la femme forte se cache souvent une grande solitude :
« Bref, j’en ai marre d’être celle qui sauve tout un chacun ! […] Mais, c’est moi qui suis perdue ! Je suis devenue pâle, épuisée et usée. »
Difficile dans ces conditions de mener de front une carrière épanouissante tout en étant une mère et une épouse modèle. D’autant plus lorsque le partage des tâches est inégal au sein du couple. Ce qui est malheureusement encore trop souvent le cas, de nombreuses études le démontrant. Résultat : épuisement et frustration côté femmes, avec le sentiment de devoir sans cesse en faire toujours plus sans reconnaissance à la clé.
Le mythe toxique de la femme qui doit tout assumer
Ce modèle de la femme forte capable de tout mener de front est non seulement épuisant nerveusement, mais également toxique. En effet, il génère chez celles qui n’y arrivent pas un profond sentiment d’échec et de culpabilité. Avec des discours intérieurs du type :
« Je dois garder le cap. Que je suis obligée de serrer les dents pour affronter le monde. Donc, je me force à être forte, indestructible ! »
La nouvelle génération commence heureusement à prendre conscience des dangers de ce modèle. Et à réclamer le droit à plus de vulnérabilité et d’authenticité dans l’expression de soi. Quitte à choquer quelque peu les générations précédentes, encore imprégnées de l’image de la femme devant tout assumer sans broncher.
Derrière la carapace, un océan de doutes et de vulnérabilité
Car derrière cette image de femme forte se cache bien souvent un océan de doutes, comme l’exprime avec franchise l’article à l’origine de cette réflexion :
« Parfois, j’ai l’impression d’être une fraude, un mensonge qui a été répété si souvent qu’il en est devenu vrai. Pourtant, au fond, cela reste un mensonge ! […] Mais, ce qu’ils ne savent pas c’est, qu’au fond, je pleure. Je cache bien mon jeu ! Mais, en fait je tremble de peur. Je suis effrayée et je me sens extrêmement seule. »
Ce témoignage fait écho à celui de nombreuses autres femmes, contraintes de porter un masque en société pour correspondre aux attentes. Quitte à supporter tout le poids émotionnel dans l’ombre, sans oser se plaindre. De peur d’être jugées faibles ou de ne pas être à la hauteur.
La nouvelle génération ose exprimer ses faiblesses
Heureusement, un vent de fraicheur souffle sur la nouvelle génération, qui ose de plus en plus exprimer ses faiblesses et ses contradictions. Sur les réseaux sociaux ou dans des ouvrages à succès, de plus en plus de voix s’élèvent pour crier : « Stop ! ». Et réclamer le droit à plus d’authenticité, loin de la femme parfaite des magazine. Une libération de la parole nécessaire, pour sortir de ce carcan étouffant du silence et des non-dits.
Reconnaître ses failles pour mieux avancer
Car assumer ses failles, ses moments de doute, est indispensable pour se libérer de la pression du « toujours plus ». Et avancer vraiment, vers plus d’épanouissement personnel et de sérénité. Comme le résume l’article à l’origine de cette réflexion :
« Comprends-le bien : tu n’es pas obligée de toujours être forte. […] Ce n’est pas une faiblesse. Au contraire… C’est une force. C’est le pouvoir de l’amour ! »
Quand l’amour vient révéler les failles des femmes fortes
Si ce modèle de la femme forte est remis en cause, c’est aussi parce qu’il génère beaucoup de solitude affective. Difficile en effet de laisser filtrer ses failles et ses besoins, cuando on veut donner l’image de tout maîtriser. Pourtant, le besoin d’amour et de réconfort fait partie intégrante de tout être humain, comme le rappelle l’article :
« Jamais dans ma vie, je n’ai eu l’occasion de rencontrer une femme puissante qui ne rêvait pas de tomber dans les bras chaleureux de quelqu’un. »
Le vertige de l’amour quand on a trop l’habitude d’être forte
Tomber amoureuse quand on est habituée à tout contrôler et à ne pas dévoiler ses failles est vertigineux. Cela implique de lâcher prise, de s’abandonner à l’autre avec confiance et de se rendre vulnérable. Un exercice difficile pour celles qui ont l’habitude de tout gérer seules depuis toujours, laissant peu de place aux émotions.
L’amour comme antidote à la solitude des femmes fortes
Pourtant, l’amour avec un grand A peut être un puissant antidote contre cet isolement des femmes fortes. En effet, il offre un espace où exprimer ses faiblesses sans crainte d’être jugée, et où puiser le réconfort tant attendu :
« J’ai besoin d’un bisou et d’un câlin pour guérir mes blessures. […] Je n’ai plus envie de me contenter d’être cette femme forte qui fuit sa vie. »
De plus en plus de femmes osent ainsi exprimer leur besoin de réconfort et leur quête d’un amour sincère, comme antidote à une vie passée à tout contrôler. Quitte à choquer quelque peu les tenants d’un certain féminisme, qui y verraient presque une forme de faiblesse ou de soumission à l’homme.
Aimante et aimée : le nouvel idéal féminin
Un nouvel idéal féminin se dessine ainsi, où la femme forte n’est plus celle qui vit en autarcie émotionnelle et tout contrôle. Mais celle qui ose au contraire exprimer ses failles et ses besoins, tout en étant indépendante économiquement et épanouie socialement. Un subtil mélange entre force et vulnérabilité, career woman accomplie et quête existentielle de l’amour avec un grand A.
Repenser les rapports hommes-femmes à l’aune de ce modèle
Ce modèle traditionnel de la femme forte, qui a vécu et qui se sacrifie en silence, a également des conséquences sur la nature des rapports hommes-femmes. Il peut en effet générer des incompréhensions et des tensions, faute de communication sincère. D’un côté la femme qui met de côté ses besoins pour assurer ; de l’autre l’homme qui ne perçoit pas toujours ce sacrifice.
Les pièges de la non-communication
Cette incapacité à exprimer ses failles et ses besoins de peur de passer pour faible ou de déranger l’autre est toxique. Elle peut mener à terme à l’explosion de toute la rancœur et du ressentiment accumulés, comme le montre l’article. D’où l’importance de repenser les schémas de communication dans le couple sur de nouvelles bases, plus authentiques.
Vers un partage plus équilibré dans le couple
Il est également indispensable de rééquilibrer le partage des tâches, pour que celles-ci ne retombent plus majoritairement sur les femmes. Faute de quoi, la frustration risque de continuer à grandir côté féminin, alimentant rancœur et amertume jusque dans l’intimité du couple. Là encore, des changements profonds sont nécessaires pour sortir de ce schéma hérité du passé, où la charge mentale et émotionnelle retombe presque uniquement sur les femmes.
Conclusion : oser redéfinir la femme forte
En résumé, ce « J’en ai marre d’être femme forte ! » est l’expression d’une profonde aspiration au changement. Changement vers plus d’authenticité et de vulnérabilité assumée côté femmes, comme antidote à des décennies de non-dits. Mais aussi évolution des rapports hommes-femmes, pour tendre vers plus d’épanouissement partagé ; ainsi qu’un meilleur équilibre dans le couple.
Il ne s’agit aucunement de nier les avancées positives, comme l’indépendance financière des femmes ou la libération de la parole et des mœurs de ces dernières décennies. Mais plutôt de remettre en question certains excès : culte de la performance à tout prix, injonctions paradoxales, charge mentale écrasante…
Ce dont rêve cette nouvelle génération de femmes, ce n’est pas tant d’un retour en arrière vers plus de soumission. Que d’aller de l’avant pour redéfinir en profondeur ce que signifie être une femme forte au 21ème siècle. Dans un savant dosage mêlant force et vulnérabilité ; succès professionnel et quête personnelle de sens ; indépendance et besoin de réconfort et d’aimer. Un modèle en somme plus humain, qui permette de respirer et de vivre pleinement. Au lieu de devoir sans cesse s’oublier pour assurer et performer.